Un jour, j’ai lu une phrase de Yasmina Reza. Apres j’ai eu
du mal à écrire.
C’était écrit : « les écrivains ont en commun avec
les tyrans de plier le monde à leur désir. »
Je me voyais entrain de sauter sur un globe terrestre pour
le faire rentrer dans une boite à chaussure trop petite. Dans mon rêve bien sur
c’est la boite à chaussure qui a éclaté. Heureusement.
Je n’aime pas vraiment les tyrans. Bien que leur énergie
m’attire, je n’arrive pas à les aimer. Ce sont des gens tristes.
C’est pas facile d’écrire, on sent bien monter cette énergie
tyrannique, mais après…
Après on se rend comte qu’il y a la réalité. C’est sûrement
à cause d’elle que j’essaie d’écrire.
On se dit qu’on va juste mettre notre point de vu sur le
papier. Puis on corrige, on modifie, on essaye de faire attention aux mots
qu’on utilise. Là, on commence à se rendre comte qu’en fait on ne met pas
simplement notre point de vue. On est poussé par un idéal, on aimerait que le
texte soit beau ou peut être touchant, ou alors moche et violent. Enfin on a
quelque rêves qu’on essaye de coucher là, sur le papier.
Le tyran, il couche les hommes. L’écrivain, il couche les
mots.
Le problème c’est que parfois dans notre monde, l’écriture
couche les hommes. Elle aussi. Et là tout devient très compliqué.
Il me semble aussi que bien souvent, c’est les hommes qui se
couchent sous l’écriture. C’est une couette pour eux. Ça les rassure. Comme
quand maman venait nous border avant de se coucher.
Je n’ai pas envie d’être une couette, je n’ai pas envie d’être
un tyran.
J’aimerai bien être libre. Peut être inutile et libre.
La musique populaire porte avec elle toute la sensualité
d’un peuple. Monter le son de la radio qui grésille sur un des dernier tubes
c’est accepter les forces sexuelles de la foule. Heureusement qu’elle grésille
cette radio. Loin du son parfait, cette musique porte avec elle toute la saleté
d’une réalité qui la rend belle.
Et le bourgeois dans sa grosse voiture si bien insonorisé,
je crois qu’il ne cache pas que le son du moteur. J’ai le sentiment que c’est
toute sa force si bien apprivoisée qu’il enferme. sa force sexuelle brisée par
l’absence de grésillement, par l’absence de saleté, par un excès de pureté.
Comme certains curés qui semblent avoir abandonnés le plus
beau de la vie pour se réfugier dans quelque chose de propre.
Un bon hit populaire emmène avec lui toute la saleté des
tables de troquets. Comme un vent du sud qui ramène le sable du Sahara et
rappelle l immensité du monde, la radio transporte avec elle tous les bars,
toutes les jupes qui tournent, les regards qui se croisent.
Et ma voiture vibre, ma radio grésille. Comme moi lorsque je
me couche auprès de toi, que je connais pas encore.
Le bourgeois, ne vibre pas, il est sur les rails de sa
berline. Mais le bourgeois, il ne te connaît pas. Et surtout, le bourgeois, il
ne se connaît pas. Il s’est construit sur des enceintes parfaites, une mélodie
en la mineur. Il n’a jamais connu l erreur.
Et je monte encore le son de cette musique si peu
construite, mais si réaliste. Cette musique qui laisse être libre.
Et que dire d un voyage sans radio ? Ces tubes que vous
ramènerez dans votre tête, ces tubes qui secouent le taxi sur ses amortisseurs
usés ? C’est la qu’est la culture d’un peuple, plus que dans ses musées
bien rangés. Du moins c’est la que se cache toutes sa force, toute son énergie
vitale. Dans ce poste grésillant de ce taxi jaune brinqueballant ! Force
est de constater la puissance du grésillement. La bataille du pur contre le
réel.
La radio nous offre le son mais nous laisse l’image, en cela
nous nous devons de la remercier, car dans notre monde, les gens qui laissent
leurs interlocuteurs se construire leurs propres images devient bien rare. Le
conte apporte un récit que l on image a loisir. La radio m’amène les images
terre a terre d’un peuple qui rie, qui pleure, et qui baise.
Ce sont mes images a moi. Mais peut importe l image, la
radio et le plus beau des conteur.
Et si parfois l’orateur, bafoue, s’arrête boire un verre, bégaye… ma
radio elle, elle grésille. Et c’est ça qui la rend belle.
cavales, cavales cow-boy... lances-le au galop, transperces les paysages, jettes toi dans les rios, ne descends pas de ta selle. eperonnes-le, chevauches-le. serres-le fort. apprends a sentir son coeur qui bat. colles toi à ses muscles. ne le laches pas... vibre avec lui, saute les obstacles. et si tu te jettes dans la mer, tiens toi seulement a sa criniere.